Comment la CGT a coulé la presse française...

Publié le par lebramentombe

- Emmanuel Berretta - © Le Point.fr

Dans son livre Spéciale Dernière, le journaliste Emmanuel Schwarzenberg fait éclater au grand jour les plus grands scandales cachés des quotidiens français. À lire absolument.
Dans Spéciale Dernière, Emmanuel Schwarzenberg passe à la moulinette l’une des citadelles longtemps imprenables de la presse française : le Syndicat du Livre (CGT) qui, aux yeux de ce spécialiste des médias, est à l’origine des difficultés des quotidiens nationaux.

Au chapitre 11 de son brûlot (à paraître chez Calmann-Lévy, le 12 septembre), ce spécialiste des médias révèle l’existence d’un trafic organisé de bobines de papier en direction de Cuba. Des ouvriers du Livre détournaient 200 tonnes par mois (soit 5 % du volume traité) afin d’aider la presse castriste à survivre.

Les bobines étaient acheminées jusqu’au Havre puis transportées dans des bateaux de pêche jusqu’à La Havane.

 « Les imprimeries de tous les quotidiens nationaux ont ainsi alimenté en papier les gazettes de Fidel Castro », écrit-il. Quant le pot aux roses est découvert, en 1987, le scandale est étouffé. Robert Hersant, alors patron de la Socpresse, préfère fermer les yeux sur ce larcin plutôt que déclencher une grève des ouvriers du Livre.

Une cache d’armes aux NMPP

Il révèle également la découverte, fin 1991, par la direction des NMPP, d’une cache d’armes de 5 000 fusils dans l’un des hangars de Saint-Ouen. Des ouvriers du Livre avaient détourné ces armes lors de la faillite de Manufrance en 1980. Clandestinement stockées au sein même des NMPP, elles attendaient sagement l’hypothétique « Grand Soir »… « La direction des NMPP alerte la justice mais s’abstient de porter plainte », raconte Emmanuel Schwarzenberg. Le scandale est de nouveau étouffé, le gouvernement socialiste négociant directement avec la CGT.

Pour Emmanuel Schwarzenberg, ces deux histoires – et quelques autres – sont emblématiques du pouvoir exorbitant d’un syndicat qui, avec son monopole et ses avantages faramineux, a contribué à couler la presse française depuis la Libération.

Le déclin « a pris naissance à la fin de la dernière guerre, écrit l’auteur de Spéciale Dernière, quand la renaissance de la presse s’est faite sur de fausses fondations ; s’est amplifié il y a quarante ans avec l’apparition de la télévision couleur, et atteint son paroxysme depuis cinq ans. »

Selon l’auteur, le pouvoir gaulliste commet une erreur majeure à l’été 44 : les ouvriers qui se sont compromis à composer les pages de la presse collaborationniste sont affranchis de toute faute. On leur laisse le monopole des imprimeries. Ils dicteront leur prix et empêcheront les quotidiens de se constituer une trésorerie pour les mutations à venir. La CGT prend le contrôle de l’outil presse et fera la pluie et le beau temps pendant soixante ans. « Sans la carte de la CGT, écrit encore Emmanuel Schwarzenberg, il est impossible de devenir ouvrier dans une entreprise de presse quotidienne, et ces qualités-là, on se les transmet de père en fils. »

À lire absolument.

Publié dans presse4243

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A
petit calcul mental: si 200 tonnes représentent 5% du tonnage papier mensuel des quotidiens nationaux, en un mois la consommation totale était de 4000 tonnes soit 20 000 000 d'exemplaires (un journal pesant environ deux cents grammes, vous pouvez vérifier) imprimés en un mois. ce qui nous fait (en divisant par 30): 667 000 par jour.ouf c'est fini!le site tres officile du senat nous apprend (en consultant un dossier sur la presse) qu'à l'époque le tirage des journaux parisiens etait de 2 750 000! ce qui ramene le scandale de 5% du papier des quotidiens nationaux à 1,25%, ce qui, compte tenu des marges de gache pendant le tirage, est insignifiant et a pu aller n'importe où.encore un qui a voulu faire un scoop sans rien verifier: 5% selon l'auteur, 1,25% selon la CGT!
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D
Aurait pu s'intituler "Les imbéciles sont de retour ". Ou l'on apprend que la CGT aurait "caché des armes" et "livré du papier à Castro"... Ouf, on avait peur du contraire. Où l'on apprend qu'il serait possible de détourner 5% des stocks de papier d'un journal sans que la direction s'en aperçoive. Bonjour les gestionnaires.<br /> .. On en a licencié pour moins que ça. Où l'on apprend donc que la presse française aurait coulé à cause .... de ce syndicat. Encore la faute des ouvriers. Ouf, on avait peur que l'incompétence et la bêtise crasse de la direction y soit pour quelque chose... Où pas une seule fois (comme d'habitude) n'est mentionné le blocus, cette "tentative de crime humanitaire des Etats-Unis contre Cuba". Ils fument quoi au journal "Le Point" ? Personnellement, je donnerais la Légion d'Honneur au Syndicat du Livre CGT. J'espère que ça leur fait plaisir. Je préferais cependant que ça ne leur fasse ni chaud ni froid. Faut pas prendre la grosse tête non plus. Petite note critique cependant : C'est pas bien de cacher des armes. Ils auraient mieux fait de les distribuer, non ? J'ai une cache parfaite sous le plancher, juste derrière la porte de la cave, la troisième plinthe qui grince un peu. La DST est priée de ne pas lire cette dernière phrase. Nan, j'déconne.
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